Que peuvent avoir en commun des films comme Pulp Fiction, Interstellar, Full Metal Jacket, Dune, Inception, Barry Lyndon, Kill Bill et 2001 : l’odyssée de l’espace ? Tous ces films ont été réalisés par des maîtres de la technique photographique et de la narration immersive. Leur compréhension affutée de la photographie leur a permis de développer une vision esthétique singulière qui donne l’impression que chaque plan ou presque pourrait être une photo emblématique du film en question. Lumière, composition, profondeur de champ, symétrie, perspective, contre-plongée sont autant de règles appliquées par ces quatre monstres du cinéma, de manière quasi obsessionnelle. Installez-vous confortablement, la séance va bientôt commencer. 😉

La photographie dans les films de Tarantino et Kubrick. Once upon a time in Hollywood
Once upon a time in…Hollywood

La photographie des films de Kubrick

Lumière, symétrie, composition et narration

Stanley Kubrick (1928-1999) a réalisé 13 longs métrages. Il était réalisateur, scénariste, mais aussi directeur de la photographie. Avant de se tourner vers la réalisation cinématographique, Kubrick était un passionné de photo. Il a donc longtemps fait ses armes derrière un objectif avant de passer derrière la caméra.
Le film Barry Lyndon est un chef-d’œuvre salué par la critique. Le génie de Kubrick a été de restituer remarquablement l’atmosphère de l’Angleterre du XVIIIᵉ siècle. Sa maîtrise de la photographie lui a permis d’utiliser des objectifs développés par la NASA pour le programme Apollo afin de filmer les scènes uniquement à la bougie et ainsi reproduire l’ambiance si particulière de cette époque. De ce fait, en utilisant des zooms extrêmement performants, il a pu notamment aplatir l’image de certaines scènes, répondant ainsi à sa vision esthétique. La composition du film est également intensifiée par les jeux d’ombres et de lumières qui contrastent avec l’inertie des corps des personnages.

La photographie dans les films de Tarantino et Kubrick. Barry Lyndon
Barry Lyndon

Dans le film Shining, la symétrie est omniprésente. Dédoublement, perspective, jeux de miroirs, points de fuite servent à accentuer cet effet huis clos. Les personnages ne peuvent s’échapper et par conséquent le film dégage une atmosphère angoissante palpable par le spectateur.

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La photographie dans les films de Tarantino et Kubrick. Shining
Shining

Dans le film 2001 L’Odyssée de l’espace, les perspectives et les points de fuite sont aussi partout et un énorme travail de composition a ainsi été réalisé. Cela attire à coup sûr le regard du spectateur. Sens du détail et précision de la narration caractérisent le travail obsessionnel du réalisateur. Tous les éléments de la scène sont minutieusement orchestrés. Acteurs, décors sont donc parfaitement agencés pour appuyer la justesse de la narration.

La photographie dans les films de Tarantino et Kubrick. 2001, l'odyssée de l'espace
2001 : l’odyssée de l’espace

La photographie des films de Tarantino

Contre-plongées et esthétique visuelle

Le génie de Tarantino est de réussir à réaliser des films contemporains, d’un autre temps. À cela, vous y ajoutez un peu de sauce salsa, afin d’avoir plein de couleurs pétantes et sanglantes, et des contre-plongées qui sont d’ailleurs devenues une marque de fabrique. Ce plan dans lequel la caméra filme le sujet de bas en haut, la plupart du temps sous le niveau des yeux du spectateur, est l’un des préférés du réalisateur. Tarantino cherche à accentuer l’effet de prédominance des personnages.

La photographie dans les films de Tarantino et Kubrick. Reservoir dogs
Reservoir Dogs

Que ce soit en 35 mm ou 65 mm, Tarantino adore filmer à la pellicule Kodak, pour obtenir un style vintage (Technicolor) particulier. Cadrage, choix des pellicules, lumière, restitution des couleurs et du grain de peau, exposition, diaph… rien n’est laissé au hasard avec ce maniaque de l’esthétique ! Pour mieux comprendre les influences cinéma, TV et pop culture de Tarantino, c’est par ici.

La photographie dans les films de Tarantino et Kubrick. Inglourious basterds
Inglourious Basterds

Nolan : de près ou de loin

Il a couvert quasiment tous les sujets, des casses de rêve au justicier masqué en passant par les voyages interdimensionnels. Et pourtant, Nolan est un cinéaste assez personnel et intime. Cela se traduit dans la manière dont il a tendance à placer sa caméra. Nolan préfère garder sa caméra proche des personnages, généralement en mettant en relief leur expression corporelle dans des plans moyens ou des gros plans. En revanche, lorsque Nolan décide de prendre du recul, on s’en rend compte aussitôt. D’un point de vue photographique, les plans larges de Nolan sont grandioses, mais le message qu’ils transmettent va bien au-delà de l’esthétique visuelle, aussi stupéfiante soit-elle. Ils expriment la teneur et la portée, la solitude et l’aberration. Voici un bref aperçu de quelques-uns des plans magistraux de Nolan, qui sont, pour chacun d’eux, une véritable leçon de photographie.

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La photographie des films de Villeneuve

Effet de flou

Les films de Villeneuve sont pour le moins captivant. Ils sont une succession d’images saisissantes. Ce qui est frappant chez Villeneuve, c’est sa manière de jouer avec la profondeur de champ. Il utilise des objectifs avec des ouvertures très larges, obtenant ainsi une faible profondeur de champ. Cela lui permet de filmer la scène de très près tout en conservant une excellente netteté. On appelle cette technique la mise au point superficielle. Un sujet reste net alors que le reste du plan est très flou. La manière dont Villeneuve utilise la faible profondeur de champ est sans pareil. Généralement, le cinéaste, comme le photographe, utilise une faible profondeur de champ pour diriger notre regard. Instinctivement, nous regardons ce qui est net. Pour autant, Villeneuve s’amuse à changer les règles pour filmer quelque chose de caractéristique (ou même d’anodin), au premier plan, tandis que quelque chose tout aussi important se déroule dans l’arrière-plan flou. Cela a pour but de créer un détachement qui met mal à l’aise le spectateur qui ne sait pas où diriger le regard. Ce flottement est un élément essentiel du style inhospitalier et angoissant de Villeneuve.

Premières et dernières scènes des films cultes

Regardez des films comme Shutter Island, Fight Club, Brokeback Mountain ou Inception et observez bien les scènes de début et de fin où la composition photographique est toujours très travaillée.

Jacob T. Swinney est un réalisateur, vidéaste et cinéphile passionné. Depuis 2015, il publie chaque année une vidéo qui reprend les premières et les dernières scènes des films. C’est donc très inspirant d’un point de vue photographique.

Pour les plus curieux, un catalogue des 100 films à la meilleure photographie, c’est par ici. Et également une liste non exhaustive d’œuvres cinématographiques ayant une esthétique visuelle particulièrement travaillée. C’est par ici.

Avez-vous déjà remarqué la composition photographique d’un film ? Si oui, partagez-la dans les commentaires. Et n’oubliez pas de partager l’article ! 🙂