Le focus stacking ou empilement d’images est une technique qui consiste à prendre une série de photos, du même sujet, avec le même cadre et avec des mises au point différentes. L’intérêt de cette technique est de rendre vos images bien plus nettes et d’obtenir virtuellement une plus grande profondeur de champ. Le focus stacking est principalement utilisé pour faire de la macro-photographie, de la photographie publicitaire ou de la photographie de paysage. Une des contraintes en macro-photographie est la faible profondeur de champ. Le but étant de réussir à faire la mise au point sur tous les éléments de la scène souhaités. Même avec une petite ouverture comme f/22, vous ne pourrez pas avoir une netteté totale en photographiant un sujet de près. On appelle cela la diffraction et ça se traduit par une perte de netteté (flou dans l’image). La solution : le focus stacking. Cette technique permet de restituer un sujet en détail tout en préservant une netteté parfaite sur l’ensemble de la scène. Dans cet article, nous allons voir ce qu’est le focus stacking et comment il vous apportera à la fois une grande profondeur de champ et une netteté parfaite.

Focus stacking Paphiopedilum.
© Michael Levine-Clark


Pourquoi utiliser le focus stacking ?

Le focus stacking ou empilement de mise au point, consiste donc à fusionner plusieurs prises de vue d’un même sujet, en décalant à chaque fois la mise au point pour obtenir une image finale avec une grande netteté et une grande précision dans les détails. Utilisé dans la macro-photographie, la photographie de produits (packshot) et la photo de paysage, le focus stacking peut-être aussi très utile pour la proxi-photographie. La proxiphotographie ou « photographie de près » est l’ensemble des techniques photographiques permettant de photographier des sujets de petite taille sans atteindre la macrophotographie. On parle souvent dans ce cas d’un gros plan.

  • C’est une technique incontournable lorsque l’on veut obtenir une grande netteté d’une scène où les premiers plans sont trop rapprochés. Le focus stacking permet donc d’obtenir une profondeur de champ qui serait quasi impossible d’obtenir avec une seule photo.
  • Créer une netteté des différents clichés qui serait difficile à réaliser avec seulement les fonctionnalités de votre appareil et de l’objectif. Grâce au focus stacking, vous optimisez l’efficacité de votre objectif (entre f/4 et f/9 pour un meilleur piqué).
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Focus stacking : photo d'une fraise en macro.
© pyntofmyld

Technique de la prise de vue pour le focus stacking

L’idée est de prendre une série de photos avec le même cadrage tout en ayant des mises au point différentes. Ensuite, assemblez ces images pour les fusionner en post-traitement. Pour faciliter la fusion des images et de ce fait leur alignement dans votre logiciel de retouche, faites en sorte que le premier plan bouge le moins possible. Le cadrage doit être identique ainsi que la position des éléments de la scène.

Après avoir réglé votre cadrage et votre exposition, commencez par faire la mise au point au premier plan pour qu’il soit net.
Puis image après image, vous allez changer progressivement votre mise au point pour faire évoluer votre profondeur de champ jusqu’à l’arrière-plan. Autrement dit, le premier plan est net sur la première photo et l’arrière-plan est net sur la dernière photo. 😉

Focus stacking et profondeur de champ

Rappel : la profondeur de champ se définit par la zone de netteté de votre image. Elle varie en fonction de trois éléments :

  • La distance focale : + la longueur focale est longue, + la profondeur de champ diminue
  • La distance du sujet par rapport à l’arrière-plan : + le sujet mis au point est proche de l’appareil, + l’arrière-plan est flou. Lorsque vous vous rapprochez du sujet, la profondeur de champ diminue. Par conséquent, en macro-photographie, vous devrez fermer au maximum le diaphragme de l’appareil.
  • L’ouverture du diaphragme :
    + le diaphragme est ouvert (f/2.8, f/3.2…), + la profondeur de champ est petite = peu de netteté
    + le diaphragme est fermé (f/16, f/18…) + la profondeur de champ est grande = beaucoup de netteté. Autrement dit, la mise au point se fait sur une plus grande zone de la scène photographiée. Utilisez le mode soft spot et baisser les ISO puisque votre appareil est placé sur un trépied.
    En situation de faible luminosité, l’ouverture sera d’autant plus grande et la profondeur de champ d’autant plus faible.
    Cela revient à avoir une photo correctement exposée avec les éléments de la scène nets au premier plan, mais pas à l’arrière-plan. Si vous baissez l’ouverture du diaphragme (f/18, f/22…), vous risquez d’avoir une mauvaise exposition. Vous pouvez alors vous éloigner du sujet sous condition d’avoir une focale qui puisse cadrer de près ! La meilleure solution réside dans le focus stacking.
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Focus stacking : gouttes d'eau et fleurs.
© Mario Jr. Nicorelli

Le focus stacking en pratique

  • Utilisez un trépied (robuste et stable 😉 ) et une télécommande (pour éviter le flou de bougé au moment du déclenchement) : vos prises de vue doivent être identiques. Si vous heurtez votre trépied, même légèrement, vous pouvez recommencer ! 😉
  • Avoir un objectif standard ou macro
  • Réglez votre appareil avec une ouverture comme f/4 ou f/5.6 afin de profiter d’un bon piqué et d’avoir un joli bokeh
  • Utilisez le mode manuel (pour garder les réglages entre deux prises) et la mise au point manuelle
  • Faites plusieurs photos (entre 5 et 20) avec des mises au point différentes (faites varier doucement la bague de mise au point ou utilisez les différents crans de mise au point de votre appareil) : commencez par faire une mise au point sur les détails les plus proches de vous (premier plan), puis une mise au point sur le plan intermédiaire. Pour finir, faites une mise au point sur l’infini (arrière-plan).
Focus stacking : paysage de fleurs en Autriche.
© Bernd Thaller

Le focus stacking en post-traitement

  • Logiciels recommandés : Photoshop, Affinity photo, Helicon Focus, PhotAcute, Zerenne Stacker…
  • Format d’image recommandé : Raw (vous pouvez aussi faire du focus stacking en Jpeg)
  • Importez vos photos dans Lightroom (pour les développer) : développement / synchroniser. Astuce : appliquer un preset (paramètre pré-défini) pour faciliter le processus de traitement de vos images
  • Exportez vos photos dans Photoshop : dans Lightroom : photo / ouvrir en tant que calques dans Photoshop
  • Sélectionnez l’ensemble de vos photos : CTR + A ou CMD +A
  • Alignez vos photos : édition / alignement automatique des calques
  • Empilez vos photos : édition / fusion automatique des calques / empiler les images
  • Exportez la photo (fusionnée)
  • Utilisez des masques pour corriger d’éventuelles imperfections
  • Réimportez votre fichier Photoshop (.psd) dans Lightroom pour ajuster l’exposition, la saturation…

L’exportation d’images avec un appareil photo à 20 Mpix prendra environ 5 secondes par image. C’est donc le moment pour vous d’aller boire un café ou un thé ! 😉

Focus stacking : Moody Canyon, États-unis.
© AirHaake

Voilà, j’espère que cet article vous a plu et qu’il vous aidera à expérimenter le focus stacking. Pensez à télécharger le guide « 18 conseils pour réussir vos photos », il vous sera utile pour débuter en photo. N’hésitez pas à poser vos questions dans les commentaires ci-dessous et à partager l’article ! 🙂 À bientôt !